Fiction : histoire d’horreur

Les passagers du vol LX2901 à destination de Londres, sont appelés à embarquer ‘. Je sors mon passeport et ma carte d’embarquement en papier et me mets dans la queue qui s’allonge minute par minute. Finalement, l’hôtesse fait mon check in, je marche sur le tarmac et je monte les marches de l’avion avec lassitude. En m’asseyant sur mon siège, je remarque la vue de l’aile droite que j’ai depuis mon hublot. En face, la pub mal collée sur le siège montre une jeune femme se prélassant sur un canard jaune en plastique et, en vert fluo : ‘Profitez des escomptes sur vos voyages jusqu’au 24 octobre 1994 et partez au soleil’. Cela me fait rire intérieurement car je me retrouve en déplacement à ce moment-là, en Norvège.  

J’observe les jolies lueurs de la nuit depuis là en haut et je me demande si les habitants peuvent percevoir un avion blanc aller à bride abattue parmi les nuages bleu nuit. Une hôtesse passe et je lui demande un verre de scotch. En buvant mon verre délicatement, j’aperçois du mouvement sur l’aile. Je me retourne vers le hublot et observe de plus près. L’aileron situé à l’arrière, centré sur l’aile, bouge de manière effrénée. Je me penche de plus près et en regardant avec attention, je remarque quelque chose ressemblant à une main humanoïde agrippée à la partie métallique. Je me recule, abasourdi, puis m’en retourne observer et fais un bond sur mon siège déjà enfoncé par l’usure, ce qui provoque le renversement de mon scotch sur mon costume en laine grise. Là, sur l’aile, se trouve une figure difforme accroupie, agrippée à l’aileron. Je me retourne vers la jeune femme dans le siège à côté de moi qui ne semble pas s’être rendu compte du spectacle horrifique se déroulant au-delà du hublot. Je me retourne à nouveau vers cette vue glaçante et à mon grand désarroi, la chose humanoïde s’est mise debout en parfait équilibre.  

Elle me fixe. Ses yeux, enfin deux trous reluisants, m’examinent avec intérêt et je la regarde en retour, tétanisé par la peur.  

Dans le plus grand calme, elle se baisse et arrache l’aileron tout en me fixant. Je reviens à l’intérieur de l’avion avec mon esprit, le souffle court et des perles de sueur froide dans le dos. J’appelle une hôtesse qui, après mon explication frénétique, se penche vers le hublot. Son parfum frais et floral m’envoûte et me fait penser à une de mes conquêtes d’Amérique qui mettait du Chanel Allure. Cela me rassure et me fait presque douter de ce que j’ai pu voir. En effet, le jet lag depuis le Japon aide grandement les hallucinations que je subis depuis quelque temps. Elle se redresse et me regarde avec un air confus, ne comprenant pas où j’avais pu voir que l’aileron était cassé. L’hôtesse repart et je me penche vers le hublot. Plus rien. 

Je commence sérieusement à penser que je n’ai pas dû assez dormir et peut-être bu trop de scotch sur les vols que j’ai embarqué. Je décide donc de me reposer et j’observe une dernière fois le paysage hors de l’avion. Mes yeux maintenant mi-clos se posent sur quelque chose qui bouge sur l’aile mais je suis bien trop fatigué pour y prêter attention. 

Le vol Tokyo-Londres avec escale à Beijing a subi un énorme crash au moment de la traversée de la Manche. Aucun membre de l’équipage ni aucun passager n’a survécu à l’impact. La cause de l’accident serait la destruction du réacteur de l’aile droite. L’enquête est en cours. 

 par Lily-Lucy Zoell

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