Ryan Murphy (2010)
Avez-vous déjà vu ou entendu parler de ce film ?
Le scénario met en avant une femme mariée dont la vie est plutôt stable. Elle travaille dans un bureau et vit dans une maison. Pourtant, elle réalise soudainement que sa vie actuelle ne la satisfait plus autant qu’avant, qu’elle semble aller trop vite et qu’il lui manque quelque chose de fondamental. Le plaisir, la beauté de la vie, la sensualité, le temps. Son rythme quotidien l’oppresse et ne lui permet plus de se souvenir à quand remonte la dernière fois qu’elle a réellement profité du moment présent et dégusté un bon plat. C’est à ce moment-là qu’elle va prendre la grande décision de partir, d’abord en Italie, puis en Inde avant de rejoindre Bali. Le film est divisé en trois parties: la première partie est consacrée à la nourriture, tant celle du corps que de l’âme, où elle redécouvre les goûts et apprend à apprécier les différents plaisirs de la vie en changeant sa perspective et en prenant son temps. Ensuite vient la partie de la prière dans laquelle elle touche au pouvoir du silence, de la paix intérieure et du calme quand elle s’arrête et se met à l’écoute de son propre corps. Elle apprend notamment que c’est dans la tranquillité qu’elle peut ralentir et que la créativité prend forme. Elle découvre alors ce qui lui tient à cœur. Dans la dernière partie, il est question d’amour, de joie et de l’équilibre de la vie. D’où vient la fameuse citation : « Parfois, perdre son équilibre par amour fait partie d’une vie équilibrée ».
Ce film a été critiqué pour son aspect cliché et véhiculant, à tort, l’idée que le voyage pourra résoudre nos problèmes et nous permettre de guérir sans prendre suffisamment en compte la dimension du travail intérieur à réaliser. Toutefois, il contient des messages fondamentaux et reflète les bienfaits du changement d’environnement pour le mental et le sens que l’on donne à notre vie.
Certes, changer de lieux ne nous libèrera pas de notre état émotionnel, mais il faut distinguer deux types de voyages: ceux qu’on entreprend pour échapper à notre vie intérieure et ceux, comme dans le film, qui vont nous permettre de changer notre point de vue sur notre propre existence et de déplacer nos attentes. En s’éloignant de ce qui nous est familier, nous coupons nos routines et nos connections. Un nouvel environnement peut nous aider à changer ou à construire de nouvelles perspectives et perceptions de nous-même. Dans nos habitudes quotidiennes, il est presque impossible de se reposer à force de culpabiliser sur notre niveau de productivité. Le changement, surtout d’environnement, peut nous pousser vers quelque chose de nouveau. Nous créerons nos liens avec les autres depuis le début, nous serons plus vigilants et alertes par rapport à nos besoins et à nos désirs , nous serons face à des contrastes, des dimensions de notre être qui restaient jusque-là enterrés et ignorésu. Peut-être apprendrons-nous à nous connaitre plus profondément.
Bien sûr, après un évènement traumatique ou à un moment fortement instable de notre vie, la meilleure solution n’est sans doute pas de faire nos bagages et traverser le monde, le travail intérieur est nécessaire et inévitable. Néanmoins, lorsqu’une personne se sent prête, un voyage peut être très enrichissant, pour faire une pause dans notre vie, goûter un peu de « dolce far niente », percevoir notre vie autrement, ailleurs, dans le calme et la tranquillité. Des moments comme ceux-ci sont nécessaires : se donner le temps, éprouver une douceur qui ouvre par fois des portes que la force n’ouvrira jamais.
par Danielle Wierieszczinskaja